"Pas d'autre choix": après le retrait américain annoncé, l'OMS doit couper son budget de 20%

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a proposé de réduire d'un cinquième son budget suite à la décision des États-Unis, son principal contributeur, de se retirer, et doit désormais réduire ses missions et son personnel, a déclaré son directeur dans un email interne consulté par l'AFP samedi.

EDITORS NOTE: Graphic content / (FILES) World Health Organization (WHO) Director-General Tedros Adhanom Ghebreyesus attends a daily press briefing on COVID-19 virus at the WHO headquaters on March 11, 2020 in Geneva. Five years ago on March 11, 2025, the World Health Organization announced Covid-19 had become a pandemic, a moment in time when the planet finally woke up to the unfolding once-in-a-century disaster. On March 11, 2020, WHO chief Tedros Adhanom Ghebreyesus told a press conference: "Covid-19 can be characterised as a pandemic". The UN health agency had sounded its own highest alarm more than five weeks earlier on January 30 -- but the warning had gone unheeded. It was not until Tedros described the worsening outbreak as a pandemic that many countries grasped the severity of the situation and -- way too late -- jolted into action. (Photo by Fabrice COFFRINI / AFP)
Après le retrait américain annoncé, l'OMS doit couper son budget de 20% ©AFP or licensors

L'OMS fait face à un manque à gagner de près de 600 millions de dollars en 2025 et n'a "pas d'autre choix" que de commencer à faire des coupes, a ainsi expliqué le directeur général de l'institution, Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans le message envoyé vendredi au personnel de l'agence de santé de l'ONU.

En plus de déclencher le retrait de son pays après son entrée à la Maison Blanche en janvier, le président Donald Trump a décidé de geler pratiquement toute l'aide étrangère américaine, y compris d'importants programmes visant à améliorer la santé dans le monde.

Les Etats-Unis avaient déjà entamé les démarches pour quitter l'OMS lors du premier mandat de M. Trump en 2020.

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Celui-ci a justifié sa décision en janvier par l'écart des contributions financières américaines et chinoises, accusant l'organisation d'"arnaquer" son pays.

En conséquence, M. Tedros avait déjà prévenu fin janvier que l'OMS allait prendre des mesures d'économie.

Les États-Unis étaient de loin le plus grand contributeur au budget de l'OMS: sur le dernier cycle budgétaire de deux ans, pour 2022-23, ils ont apporté 16,3% des 7,89 milliards de dollars de budget total de l'organisation.

"Des réductions drastiques de l'aide publique au développement par les États-Unis et d'autres pays causent d'énormes perturbations pour des pays, des ONG et des agences des Nations Unies, y compris l'OMS", a souligné M. Tedros dans son email.

Avant-même le début du processus de retrait américain, l'OMS était déjà confrontée à des contraintes financières, et avait commencé voici plus de neuf mois à travailler sur des mesures pour améliorer son efficacité, remarque aussi son dirigeant.

Mais "l'annonce des États-Unis, combinée à des réductions récentes de l'aide publique au développement de certains pays pour financer une augmentation des dépenses de défense, a rendu notre situation beaucoup plus critique", a encore expliqué M. Tedros.

"Bien que nous ayons réalisé des économies de coûts substantielles, les conditions économiques et géopolitiques actuelles rendent la mobilisation des ressources particulièrement difficile", écrit-il.

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En février, le conseil exécutif de l'OMS avait réduit le budget proposé pour 2026-2027 de 5,3 à 4,9 milliards de dollars. "Depuis lors, les perspectives de l'aide au développement se sont détériorées", a rappelé M. Tedros. Et "nous avons donc proposé aux États membres un budget encore réduit de 4,2 milliards de dollars, soit une baisse de 21 % par rapport au budget initialement proposé".

La majorité du financement américain provenait de contributions volontaires pour des projets spécifiques, plutôt que d'une participation fixe.

"Malgré tous nos efforts, nous en sommes maintenant au point où nous n'avons d'autre choix que de réduire le périmètre de notre travail et de notre personnel", conclut M. Tedros. Et de préciser: "ces mesures s'appliqueront d'abord au niveau du siège, en commençant par les hauts dirigeants, mais affectera tous les niveaux et toutes les régions".

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